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la basse-froide.

cette extrémité aucun îlot ou rocher où l’on puisse construire, et la violence habituelle de la mer ne permet pas de songer à une feu flottant. Il a donc fallu se résoudre à élever le phare sur la roche Ar-men, située à trois milles de la pointe extrême. Encore les travaux sont-ils entourés de si grandes difficultés, que ce phare, commencé en 1867, douze ans plus tard, en 1879, n’était arrivé qu’à moitié hauteur, c’est-à-dire à treize mètres au-dessus des eaux. On cite telle année où il n’a été possible d’y travailler que pendant huit heures, quoique les ouvriers fussent constamment à guetter l’instant favorable. Le phare n’existait donc encore qu’en projet, au moment de la catastrophe de l’Alaska.

Mais cela ne suffisait pas à expliquer qu’on fût venu se jeter, en sortant de Brest, sur un danger pareil. Erik se promit d’approfondir la question aussitôt après le départ de la chaloupe à vapeur.

Ce départ put bientôt s’effectuer, la lune n’ayant pas tardé à paraître. Le jeune commandant décida alors que la bordée de quart resterait seule sur le pont, l’autre allant se reposer comme à l’ordinaire ; puis, il descendit à la chambre d’honneur.

M. Bredejord, M. Malarius et le docteur veillaient auprès du cadavre. Ils se levèrent en voyant entrer Erik.

« Mon pauvre enfant, qu’est-ce enfin que ce drame, et comment tout ceci est-il arrivé ? demanda le docteur.