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l’épave du cynthia.

aussi nettement accusé que chez vous !… Il faut vous dire que je suis fort adonné aux études celtiques !… Or, voici la première fois qu’il m’arrive de rencontrer le type celte chez un Scandinave ! Peut-être y a-t-il là une indication précieuse pour la science, et faut-il classer la Norvège parmi les régions visitées par nos ancêtres gaëls ! »

Erik allait sans doute expliquer au savant brestois les raisons qui infirmaient la valeur de cette hypothèse, quand le docteur Kergaridec se détourna pour adresser ses hommages à une dame qui venait d’entrer dans le salon du préfet maritime, et l’entretien en resta là. Le jeune lieutenant de l’Alaska n’aurait même plus pensé à cet incident, si le lendemain, en passant dans une rue voisine d’un marché, M. Schwaryencrona ne lui avait dit tout à coup, à la vue d’un bouvier du Morbihan :

« Mon cher enfant, si j’avais pu conserver un doute sur ton origine celtique, je le perdrais ici ! Vois donc comme tous ces Bretons te ressemblent !… Comme ils ont ton teint mat, ton crâne osseux, tes yeux bruns, tes cheveux noirs et jusqu’à ton attitude générale !… Bredejord en dira ce qu’il voudra, mais tu es un Celte pur sang, sois-en sûr ! »

Erik conta alors ce que lui avait dit la veille le docteur Kergaridec. Et M. Schwaryencrona en fut si ravi, qu’il ne parla d’autre chose pendant tout le jour.