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l’épave du cynthia.

rivée de l’Alaska s’était répandue dans la ville, et, comme on connaissait par les journaux le but de son voyage, l’état-major du navire suédois ne tarda pas à se trouver l’objet des démonstrations les plus flatteuses. L’amiral-préfet maritime et le maire de Brest, le commandant du port et ceux des navires en rade vinrent officiellement visiter le capitaine Marsilas. Un dîner et un bal furent offerts aux hardis explorateurs qui partaient à la recherche de Nordenskjöld. Si peu épris que fussent le docteur et M. Malarius de ces réunions mondaines, il fallut bien paraître à la table qui se dressait pour eux. Quant à M. Bredejord, il était là dans son véritable élément.

Parmi les convives du préfet, invités pour faire honneur à l’état-major de l’Alaska, se trouvait un grand vieillard à la physionomie fine et mélancolique. Il fut bientôt remarqué par Erik, qui lut, dans son regard un peu triste, une sympathie à laquelle il ne pouvait se méprendre. C’était M. Durrien, consul général honoraire, membre militant de la Société de géographie, bien connu par ses voyages en Asie Mineure et au Soudan. Erik en avait lu la relation avec un très vif intérêt. Il en parla au savant français en homme compétent, quand on les eut présentés l’un à l’autre. Or, si légitimes que pussent être les satisfactions de cet ordre, elles ne sont pas souvent le lot des voyageurs. Il peut leur arriver, quand leurs aventures font du bruit, de récolter l’admiration banale de la foule ; il leur ar-