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l’épave du cynthia.

faisante, se mit à arpenter le pont en sifflotant son air favori.

Erik et M. Bredejord avaient suivi ce rapide colloque avec une curiosité assez naturelle. La personne de Tudor Brown était nouvelle pour eux. Aussi l’étudiaient-ils attentivement — plus attentivement encore que ne faisait le docteur. Il leur sembla que l’étranger, tout en affectant l’indifférence, jetait de temps à autre un regard furtif de leur côté, comme pour voir l’impression qu’il produisait. Aussi feignirent-ils immédiatement, sans même s’être donné le mot, de ne point s’occuper de sa présence. Mais bientôt, après être descendus dans le salon sur lequel s’ouvraient les cabines, ils tinrent conseil.

Quel pouvait avoir été le but de ce Tudor Brown en cherchant à établir la mort de Patrick O’Donoghan ? Et quel but pouvait-il maintenant poursuivre en partant avec l’Alaska ? C’était impossible à dire. Mais il était difficile de ne pas croire que cette double démarche se rapportait plus ou moins directement à l’histoire du Cynthia et de « l’enfant sur la bouée ». Tout l’intérêt qui s’attachait à Patrick O’Donoghan, pour Erik et ses amis, était en effet lié à sa connaissance supposée de l’affaire, et c’est seulement à raison de cette connaissance qu’on avait besoin de retrouver l’Irlandais. Or, on se trouvait en présence d’un homme qui, sans y être invité, était venu déclarer que Patrick O’Donoghan avait péri. Et cet homme s’imposait à l’expédition