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l’épave du cynthia.

manda-t-il en s’avançant vers elle comme pour l’embrasser aussi.

— Je vous souhaiterai de ne pas avoir le nez gelé et de découvrir que vous êtes un prince déguisé ! répliqua-t-elle en riant avec impertinence.

— Si cela était, y gagnerais-je au moins un peu de votre amitié ? dit-il en essayant de sourire pour dissimuler l’amertume que ce sarcasme lui mettait au cœur.

— En doutez-vous ? » répondit Kajsa en se retournant vers son oncle pour bien indiquer que les adieux étaient finis.

Ce fut tout. Les avertissements de la cloche devenaient plus impérieux. La foule des visiteurs regagnait l’escalier, autour duquel les embarcations se pressaient pour les recevoir. Au milieu de cette confusion, presque personne ne remarqua l’arrivée d’un retardataire, qui débouchait sur le pont, une valise à la main.

Ce retardataire était Tudor Brown. Il se présenta au capitaine et réclama sa cabine, qui lui fut indiquée sur l’heure.

Une minute plus tard, après deux ou trois coups de sifflet stridents et prolongés, l’hélice entrait en jeu, un bouillonnement d’écume blanchissait les eaux de l’arrière, et l’Alaska, glissant majestueusement sur les eaux vertes de la Baltique, sortait de Stockholm au milieu des acclamations de la foule, qui agitait chapeaux et mouchoirs.