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l’épave du cynthia.

choix s’arrêta sur un schooner de cinq cent quarante tonneaux, récemment achevé à Brême, qu’un équipage de dix-huit hommes pouvait aisément manœuvrer. Ce schooner, tout en conservant sa mâture, fut muni d’une machine à vapeur de quatre-vingts chevaux, et d’une hélice disposée de manière qu’on pût la remonter à bord si les glaces la mettaient en danger. Le foyer d’une des chaudières était aménagé en vue de brûler des huiles ou des graisses, qu’on peut aisément se procurer dans les régions arctiques, si le charbon venait à manquer. La coque, protégée par son revêtement de chêne, fut en outre renforcée de poutres transversales, de manière à offrir une grande résistance à la pression des glaces. Enfin, l’avant était cuirassé et armé d’un éperon d’acier, pour se frayer une route dans la banquise même, si son épaisseur ne dépassait pas la limite du tirant d’eau.

Le schooner, acheté et remis sur chantier, fut baptisé l’Alaska, en raison de la direction à laquelle il était destiné. Il avait en effet été décidé que, le Nordenskjöld partant par la route même qu’avait suivie la Véga, le second navire prendrait autour du monde la route opposée, pour aborder l’océan Sibérien par la presqu’île d’Alaska et le détroit de Behring. Les chances de retrouver l’expédition suédoise, si elle était en détresse, ou ses traces, si elle avait péri, devaient ainsi se trouver doublées, puisque, tandis que l’un des navires partirait derrière elle, l’autre irait en quelque sorte au-devant.