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on nous écrit de la « véga ».

— Acheté d’un pêcheur samoyède deux magnifiques saumons d’espèce non décrite, que j’ai retenus pour notre cuve à l’alcool, en dépit des protestations du maître coq. Incident : ce pêcheur tombe à l’eau en quittant le navire, au moment où nous allions appareiller. On le repêche à demi asphyxié, raidi par le froid comme une barre de fer, et, par surcroît, blessé à la tête. Transporté sans connaissance à l’infirmerie de la Véga, déshabillé et couché, on reconnaît que ce pêcheur samoyède est un Européen. Il a les cheveux rouges, son nez a été écrasé par un accident, et, sur la poitrine, au niveau du cœur, ces mots sont tatoués dans un écusson : Patrick O’Donoghan, Cynthia… »

Ici, M. Schwaryencrona poussa un cri de surprise.

« Attendez, voici la suite », dit M. Bredejord.

Et il poursuivit sa lecture.

« Sous l’action d’un massage énergique, il revient à la vie. Mais il est impossible de le débarquer en cet état. Nous le gardons. Il a de la fièvre et du délire. Voilà nos expériences sur le sens de la couleur chez les Samoyèdes singulièrement mises à néant.

« 3 août. — Le pêcheur de Chabarova est tout à fait remis de ses fatigues. Il a paru surpris de se trouver à bord de la Véga et en route pour le cap Tchéliouskine, mais en a bientôt pris son parti. Sa connaissance de la langue samoyède pouvant nous être utile, nous l’avons décidé à longer avec nous