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patrick o’donoghan.

déjà, rendu le dernier soupir dans un hôpital de la Neuvième Avenue, sans laisser d’héritiers connus ni probablement d’héritage. Quant aux registres de la Compagnie, sans doute ils avaient depuis longtemps été vendus comme papiers de rebut et débités en cornets par les marchands de tabac de New York.

La piste ne conduisait donc nulle part, et le seul résultat de cette longue investigation fut de faire émettre à M. Bredejord les sarcasmes les plus douloureux pour l’amour-propre de son ami, quoique les plus anodins au fond.

L’histoire d’Erik était maintenant de notoriété commune dans la maison du docteur. On ne se gênait plus pour en parler ouvertement, et toutes les phases de l’enquête étaient discutées à table ou au parloir. Peut-être le docteur avait-il été mieux inspiré pendant les deux premières années, quand il tenait ces circonstances secrètes, car elles offraient un aliment aux bavardages de dame Greta et de Kajsa, en même temps qu’aux réflexions d’Erik lui-même. Et ces réflexions étaient souvent des plus mélancoliques.

Ne pas connaître ses parents, s’ils vivaient encore, se dire que jamais peut-être il ne saurait le secret de sa naissance, était déjà chose pénible en elle-même. Mais ce qu’il y avait de plus triste encore, c’était de ne pas savoir quelle était sa patrie.

« Le plus pauvre enfant des rues, le plus misérable paysan sait au moins quel est son pays et à