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l’épave du cynthia.

barque afin d’aller aux nouvelles. M. Malarius insista pour accompagner les jeunes gens dans cette expédition. Ils partirent donc tous trois, suivis d’un regard anxieux par dame Katrina et sa fille.

Sur le fjord, le vent était presque tombé, mais il soufflait de l’ouest, et, pour gagner le goulet, il fallut marcher à l’aviron. Cela prit plus d’une heure.

En y arrivant, on se trouva en présence d’un obstacle inattendu. La tempête se déchaînait toujours sur l’Océan, et les lames, en se brisant sur l’îlot qui ferme l’entrée du fjord de Noroë, déterminaient deux courants, qui venaient se rejoindre en arrière de cet îlot et s’engouffrer avec violence dans la passe comme dans un entonnoir. On ne pouvait songer à la franchir dans ces conditions ; un bateau à vapeur n’y serait parvenu qu’avec peine ; à plus forte raison une faible barque conduite à l’aviron avec vent debout.

Il fallut rentrer à Noroë et attendre.

L’heure habituelle du retour arriva sans ramener maaster Hersebom. Mais elle ne ramenait non plus aucun des autres pêcheurs qui étaient sortis ce jour-là. Il y avait donc lieu d’espérer qu’un empêchement commun les retenait hors du fjord, plutôt que de croire à un désastre personnel. La soirée n’en fut pas moins profondément triste à tous les foyers où il manquait quelqu’un. Et, à mesure que la nuit s’écoulait sans que les absents reparussent, l’anxiété allait grandissant. Chez les