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« Car, disait Bergasse, s’il est des hommes que, dans l’exercice de leur ministère, il importe d’environner le plus près possible de l’opinion, c’est-à-dire de la censure des gens de bien, ce sont les juges : plus leur pouvoir est grand, et plus il faut qu’ils aperçoivent sans cesse à leur côté la première de toutes les puissances, celle qu’on ne corrompt jamais, la puissance redoutable de l’opinion. Couvrez le juge des regards du peuple, et comme il n’y a que les hommes consommés dans le crime qui, observés de toutes parts, osent mal faire, soyez certains, surtout si le peuple est libre, si sa censure peut s’exprimer avec énergie, qu’il n’y aura rien de si rare qu’un juge prévaricateur. »

« Enfin, poursuit Bergasse, le pouvoir judiciaire sera mal organisé si les juges ne répondent pas de leurs jugements. Je crois qu’il suffit d’énoncer cette proposition pour la faire adopter : une nation où les juges ne répondraient pas de leurs jugements serait, sans contredit, la plus esclave de toutes les nations ; et on conçoit aisément que l’esprit de liberté augmente chez un peuple en raison de ce que la responsabilité des agents du pouvoir y est plus étendue. »

Cette censure permanente de l’opinion publique, cette responsabilité morale et effective du juge vis-à-vis du suffrage, populaire, qui l’a institué