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LE PARTI SOCIALISTE.

tous les esprits de bonne foi qu’en poursuivant dans l’organisation sociale la réalisation des principes d’égalité et de liberté, donnés comme base à notre organisation civile et politique, les socialistes ne poursuivent pas une pure utopie, et qu’ils ont raison de demander une reconstitution de la propriété sur des bases nouvelles.

Dans l’organisation actuelle, la propriété n’est presque jamais fondée sur le travail de ceux qui la possèdent ; elle est presque toujours le résultat du travail des autres. Mais dans nombre de cas elle n’a pas d’autre origine que la spéculation ; or, la spéculation remplace le travail par le jeu, et elle côtoie de bien près la fraude quand elle ne se confond pas avec elle[1] ; elle sacrifie la prospérité générale et, la propriété de nombre d’individus à l’avantage de quelques-uns qui ont le talent d’exploiter tous les autres.

C’est un dicton vulgaire que les affaires, c’est l’argent des autres. Mais c’est là, il faut bien le dire, le renversement de tous les principes de la justice

  1. Il faut opposer aux débordements de la spéculation et de l’agiotage cette sage maxime de Franklin « Si quelqu’un vous dit que vous pouvez vous enrichir autrement que par le travail et l’économie, ne l’écoutez pas, c’est un empoisonneur. » Que ce soit la condamnation et la flétrissure de toutes les opérations de Bourse, qui sont le scandale de notre époque, et une cause incessante de démoralisation publique.