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LE PARTI SOCIALISTE.

mières nécessités de la vie au milieu d’une société riche de tant de capitaux et de tant de machines, il restera quelque chose à faire et la science de l’économiste ne sera pas finie. »

Les économistes, surtout ceux de l’école française, se sont effrayés de cette tâche, et au lieu de la poursuivre comme c’était leur devoir, ils se sont attachés, au contraire, à faire la théorie des préjugés existants, et à légitimer le maintien de l’ordre social actuel avec son antagonisme et ses injustices. C’est bien pour cela que la science économique est frappée chez nous d’impuissance et de déconsidération, et qu’il a fallu créer, à côté d’elle, la science sociale qui se préoccupe sérieusement et sincèrement de rechercher les lois qui doivent présider à une organisation satisfaisante et équitable de la société.

Cette distinction entre la science économique et la science sociale n’existe point dans les pays plus avancés que nous et où le respect de la science est supérieur à tous les préjugés, en Angleterre et aux États-Unis, par exemple, et tous les bons esprits s’accordent à reconnaître la nécessité, la légitimité et l’urgence de réformes sociales radicales. « Ce qui fait tache dans votre pays, » écrivait en 1831 l’Américain Channing à l’Anglaise miss Jeanna Baillie, « c’est la position de vos classes