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LE PARTI SOCIALISTE.

Certes, s’il est un principe qui paraisse universellement admis, reconnu et consacré par nos lois, c’est celui de l’égalité pénale. Mais, si l’on veut examiner un peu attentivement la réalité des choses, on ne tarde pas à s’apercevoir que cette prétendue égalité est purement illusoire.

Tout d’abord, un homme ignorant, dont les facultés morales ne sont pas développées, poussé au crime par la misère et le besoin, est-il coupable au même degré qu’un homme dont les facultés ont été développées par l’éducation, qui est dans l’aisance, à l’abri du besoin ? Si vous punissez de la même peine le vol commis par un riche et le vol commis par un pauvre, est-ce de la justice ? Mais si vous punissez sévèrement le vol commis par le pauvre, et légèrement le vol commis par le riche, que faut-il penser de votre justice ?

La question est délicate autant que grave, et, pour la dégager de tous ses éléments irritants, nous croyons ne pouvoir mieux faire que de nous en référer à quelques pages remarquables de l’Encyclopédie nouvelle, de Pierre Leroux et Jean Reynaud, à l’article Égalité. Ces pages ont été écrites il y a bientôt quarante ans ; si elles ont encore une actualité saisissante, c’est que les abus qu’elles signalent sont inhérents à notre organisation sociale. Voilà pourquoi il importe de la modifier et de la