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LE PARTI SOCIALISTE.

mettre à la servitude du régime militaire pendant les plus belles années de leur jeunesse, est une des gênes les plus terribles que l’on puisse concevoir.

« La conscription, » disait Napoléon Ier lui-même qui en a fait un si épouvantable abus, « la conscription est la loi la plus affreuse et la plus détestable pour les familles[1]. »

L’impôt du sang est en outre entaché de la plus choquante inégalité. Il pèse à peu près exclusivement sur les pauvres, sur ceux pour lesquels il est le plus onéreux puisque ce sont eux qui ont le plus besoin de leur travail, qui est leur unique fortune et souvent l’unique soutien de leur famille. Les riches peuvent s’en exempter, au moyen d’une somme d’argent très-minime, qui n’est pas du tout en proportion avec la rigueur de la charge pour ceux qui doivent payer de leur personne[2].

  1. Opinions de Napoléon, recueillies par Pelet de la Lozère.
  2. Pendant l’élaboration de la loi récente de réorganisation militaire , qui n’a fait que consacrer tous les anciens abus du système, un écrivain de la presse officielle, M. de Toulgoët, faisait ressortir avec une grande force dans l’Étendard, l’iniquité fondamentale de ce système :
      « S’il reste en France un élément révolutionnaire qui pourrait, à un moment donné, devenir redoutable, il existe dans notre système de recrutement qui consacre l’inégalité sociale la plus choquante.
     « Parce que je n’ai pas 3000 fr. d’économies ; parce que je ne