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LE PARTI SOCIALISTE.

religion et si elle puise en elle sa source, comme on ne peut concevoir une société sans morale, il en résulte nécessairement qu’une alliance étroite a raison d’exister entre l’Église et l’État ; il en résulte nécessairement aussi que la religion comme la morale est le fondement des sociétés humaines, et nous sommes ramenés logiquement sous une forme ou sous une autre, à la reconnaissance du droit divin primant toutes les libertés sociales et politiques.

Mais la justice ne réside pas dans l’Église, elle réside dans la Révolution. C’est là une des thèses que Proudhon a démontrées avec le plus de force, et il a ainsi puissamment contribué à l’affranchissement de l’humanité.

Dans tous les cas il importe d’établir une distinction essentielle entre la Religion qui a pour objet les intérêts spirituels et l’État qui a pour objet les intérêts temporels. Le bon sens non moins que le souci de la liberté exige qu’entre ces deux ordres d’intérêts, il n’y ait aucune confusion. Il faut reconnaître l’absurdité logique d’un traité entre deux puissances qui n’ont entre elles aucun rapport naturel, à moins que l’État ne reconnaisse la supériorité antérieure et divine de l’Église.

« Si le Concordat n’est point un traité entre deux puissances temporelles, » disaient avec raison en