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Lorsque Napoléon voulut rétablir à son profit le pouvoir absolu, il songea naturellement au précieux concours que l’Église avait de tout temps prêté au despotisme. Les rancunes de l’Église contre la Révolution devaient rendre une entente facile, et Napoléon conclut avec le pape le Concordat, qui est encore la loi des rapports de l’État avec l’Église. Les prêtres devinrent ainsi les satellites, les auxiliaires de son despotisme. Il fit du clergé une sorte de gendarmerie sacrée, suivant la naïve expression d’un panégyriste du Concordat[1].

Mais les démêlés postérieurs de Napoléon avec le pape, les humiliations par lesquelles il fit si durement payer à l’Église la protection qu’il lui accordait contribuèrent à donner le change à l’opinion publique. Comparé au gouvernement de la Restauration, honteusement dominé par la congrégation et par les jésuites, Napoléon parut le représentant fidèle de la Révolution, et toutes les idées révolutionnaires sur les relations de l’Église et de l’État furent profondément faussées.

Lorsque éclata la révolution de 1848, les hommes d’État républicains ne songèrent pas à déchirer le Concordat, ni à séparer l’Église de l’État, ni à supprimer le budget des cultes.

  1. Bignon, Histoire diplomatique.