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LES POÈTES MAUDITS 31 Des écumes de fleurs ont béni mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses [jaunes Et je restais ainsi qu’une femme à genoux, Presqu’île ballottant sur mes bords les querelles Etles lientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds, Et je voguais lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir à reculons. Or moi, bateau perdu sous les ct^eveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau. Libre, fumant, monté de brumes violettes. Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes. Des lichens de soleil et des morves d’azur. Qui courais taché de lunules électriques. Planche folle, escorté des hippocampes noirs. Quand les Juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs,