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78 LES POÈTES MAUDITS De grands cheveux qui grisonnent, une face large pour, on dirait, l’agrandissement des yeux magnifiquement vagues, mous- tache, royale, le geste fréquent, à mille lieues d’être sans beauté, mais parfois étrange et la conversation troublante qu’une hilarité tout-à--coup secoue pour céder la place aux plus belles intonations du monde, basse-taille lente et calme, puis soudain émouvant contralto. Et quelle verve toujours inquiétante au possible! Une terreur passe parfois parmi les pa- radoxes, terreur qu’on dirait partagée par le causeur, puis un fou rire tord cau- seur et auditeurs, tant éclate alors d*esprit tout neuf et de force comique. Toutes les opinions qu’il faut et rien de ce qui ne peut pas ne pas intéresser la pensée défi- lent dans ce courant magique. Et Yilliers s’en va, laissant comme une atmosphère noire où vit dans les yeux le souvenir à la fois d’un feu d’artifice, d’un incendie, d’une série d’éclairs, et du soleil ! L’œuvre est plus difficile à s’en et à en rendre compte que l’Ouvrier qu’on trouve souvent tandis que l’œuvre est rarissime. r