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sance tout simplement chez un bouquiniste du quai Saint Michel, Chacornac, où le poète allait de temps en temps laver quelques bouquins plus ou moins dédicacés que lui offraient ses admirateurs.

Je demandai à Verlaine s’il voulait se charger de m’écrire un certain nombre de sonnets sur des sujets ayant trait à la Bibliophilie, et forcément un peu prosaïques. L’idée lui plut, et il accepta sur le champ. Le prix fut fixé tout de suite par lui, pas bien cher, payable dès réception.

Le nombre de ces sonnets avait été fixé à vingt-quatre. Tous les huit jours j’en esquissais le canevas et en retour le poète m’envoyait régulièrement deux sonnets. J’en avais seulement quatorze, quand la maladie arrêta Verlaine dans la dernière semaine de décembre. C’est donc sans aucun doute sa dernière production poétique.

Il travaillait alors à un grand drame en vers, « Louis XVII », dont il parlait avec enthousiasme, et que la mort a laissé inachevé.

J’ai eu occasion de lui rendre visite, à diverses reprises, à propos de ces sonnets. Il habitait un petit logement, au troisième étage, de trois pièces, une sur le devant, une autre sur le derrière et une toute petite cuisine où l’escalier donnait directement accès. Cela n’était pas luxueux — loin de là, — mais propre et bien entretenu, clair et plutôt gai. Verlaine, en grand enfant qu’il était resté, s’était amusé à dorer quelques meubles, et notamment des chaises. Je me souviens, à ma première visite, en avoir emporté un souvenir,