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voyage en france par un français


Je viens de parler de paroles et je parlais tout à l’heure de la propagande de l’exemple. Il y a précisément, dans ta présente situation, qu’elles sont en complète corrélation, jusqu’à presque n’en former qu’une. Je veux dire qu’au service, même en ce moment de première décomposition et de discipline qui se relâche, l’action est bonne forcément, en tant qu’il puisse y avoir scandale ! Une sévérité paternelle réprime rudement l’ivrognerie ou la luxure nocturne ; l’obéissance est le premier devoir et, si méconnue, se voit terriblement vengée ; si bien qu’à moins d’être une pure canaille ou un stupide entêté, il est d’autant plus facile de bien remplir tous ses devoirs de soldat qu’il serait désagréable au possible d’expier la moindre infraction à ce rigide programme… Mais la parole, à la caserne, parlons-en ! Toute la hideur criminelle du blasphème s’y marie à l’obscénité la plus ignominieuse. Une oreille chrétienne ou simplement honnête saigne à chaque mot entendu — en ceci nulle protection, nul recours dans la règle. La règle est sourde à de si légitimes délicatesses et muette sur cet article. Les chefs, pour la plupart, donnent l’exemple et renchérissent sur le ton de l’inférieur, et c’est de l’enchifrènement du major gras d’absinthe, à la crécelle du Saint-Cyrien frais pondu sous--