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critique et conférences

ne s’agissait que d’art et de littérature, jusqu’à vouloir faire interdire Hernani, une pièce où tout n’est qu’héroïsme cornélien, dont tous les personnages, au fond, sont sympathiques dans la haute, sincère et logique expansion de leur passion jeune, loyale, si magnifiquement exprimée dans quelle belle langue nette et bien française ; où, si les sentiments sont naturellement, et de par le sujet, empruntés à l’Espagne, et rappelèrent dès lors plutôt l’inspiration castillane du Cid, le style agile et clair, la versification ferme et souple se réclament visiblement de la forme racinienne, et où rien, mais rien de rien n’évoque ou ne sous-entend l’influence de Shakespeare, dans tous les cas !

Le roi Charles X, qui n’avait pas pris place au parterre et qui eût pu, faible et autoritaire comme il l’était, faire acte d’arbitraire, eut plus d’esprit que tout le monde et sauvegarda la liberté pas le joli mot qu’on sait et qui est, paraît-il et il y paraît bien, de lui, trop jeune ou trop jeune encore.

N’importe ! la question se posait, dès lors, sur l’initiative d’une faction encore puissante de par les académies et les préjugés, entre Racine et Shakespeare. Nous allons l’y suivre.

Aujourd’hui que tout cela est de l’histoire ancienne, qui paraîtra même un peu démodée à tels