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critique et conférences

tingentes, non par l’évolution lente et normale d’un esprit bien équilibré, en ce sens devait influer sur sa littérature, postérieure aux événements tant matériels que mentaux, déterminatifs de sa seconde manière.

En effet, l’éloquence j’ose dire concentrée, laconique quoique prolixe en apparence, par exemple, du fameux monologue d’Hernani, presque tout en petites phrases, celle de la non moins célèbre apostrophe de Ruy Blas aux ministres, pleine de faits pittoresques qui font saillie et ponctuent nettement, on dirait sèchement, la période, les discours trop longs, mais encore mesurés, dans les Burgraves, l’abondance sobre et pondérée des plus beaux poèmes contenus aux Feuilles d’automne et recueils de la même venue, font place, dès les Châtiments, à ces interminables déclamations ronronnantes où la phrase s’énerve dans l’éternité, dans la sempiternité de la virgule, où le sens s’évapore pour ainsi dire, s’affadit et tourne à rien parmi le bourdonnement des mots et des mots encore, dont la surabondance même détruit le relief et trouble la saveur. Déclamations de tribun bourgeois faisant le populaire, qui se souvient de ses humanités beaucoup trop dans l’espèce, et de littérateur qui est à cent mille lieues d’assez oublier qu’il a trempé dans le mélodrame — mais