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critique et conférences


Ce sont les fleurs les plus étranges
Et des fruits d’un goût sans pareil,
Des orangers remplis d’oranges
Dans des champs tout pleins de soleil.

Ce sont des rois, ce sont des reines,
Assis au milieu de leur cour ;
Ce sont des villes si sereines
Que dans la nuit il y fait jour.

On voit tout ce qui peut surprendre :
Des hommes de toutes couleurs,
Des oiseaux qui se laissent prendre
Avec la main comme des fleurs.


De qui sont ces vers, demandez-vous, lecteur ? D’un Pradon en délire ou d’un Berquin de la décadence ? Non pas. Ils sont de M. Siméon Pécontal, lauréat de l’Académie française, bien méritant, quoi qu’en dise M. Barbey d’Aurevilly, dans une note substantielle où il trouve le moyen d’appeler M. Siméon Pécontal un camélia odeur de rose, et d’ajouter cette réflexion amère que ne soufflètent pas du tout, — n’est-ce pas ? — les douze vers rapportés plus haut : « Chose étonnante, et bien honorable, du reste, pour le talent, qu’il ait eu cette fois le sort heureux de l’insignifiance, si chère aux quarante immortels ? » — Vous riez ? M. Barbev d’Aure-