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UN MOT SUR LA RIME


Hier, en relisant mon exemplaire du dernier numéro du Décadent, l’envie m’a pris de répondre un peu à Ernest Raynaud sur la Rime, qu’il attaque avec une virulence qui m’a fait réfléchir aux torts que j’ai pu avoir, en propos seulement, du moins je l’espère, envers elle.

Lecteur assidu de ce bon journal, j’ai pensé que je ne devais m’adresser que là pour exposer quelques idées qui me sont venues tout à l’heure à ce sujet.

Je monte donc à « cette tribune » et je dis : Non, la rime n’est pas condamnable, mais seulement l’abus qu’on en fait. Notre langue peu accentuée ne saurait admettre le vers blanc, et ni Voltaire, vice-roi de Prusse en son temps, ni Louis Bonaparte, roi de Hollande au sien, ne me sont des autorités suffisantes pour hésiter, fût-ce un instant, à ne me point départir de ce principe absolu.