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vive le roy !

Or ça qu’advint-il de ma mère après mon père ?
Mon père, ils l’ont tué, je le sais. Mais j’espère
En ma mère vivant encore et même j’ai
Coutume de porter à mon seul préjugé
Des fleurs dont mes pleurs d’orphelin sont la rosée,
Offrande que je crains de son sang arrosée
Peut-être dès longtemps et peut-être bientôt !

Car le sang tombe à flots en bas autant qu’en haut
Dans cette France que celui de ses rois marque
Au front d’un signe affreux, moins funeste au monarque
Qu’au peuple que l’Enfer par ainsi baptisait,
Alors qu’il était temps encor, qu’on se plaisait
Et mutuellement se faisait des avances…
Des gens de rien vinrent alors en affluences,
Endettés sans honneur, créanciers sans pitié,
Canailles tout à fait, criminels à moitié,
Qui cherchant l’oubli bas, non le chaste silence,
N’espérant le trouver que dans la turbulence,
Sans plus prévoir n’ayant rien à prendre pour eux,
Jetèrent bas l’État dans ce désastre affreux
Ce désastre ! Et pourtant le peuple, le vrai, souffre
Mais s’il veut son malheur, mais s’il se creuse un gouffre ?
(Ici des crieurs publics annoncent l’écrasement des « Brigands. »)
Les Brigands, ce sont mes soldats de la Vendée !
(Ils annoncent la grande victoire des armées sans culottes sur Pitt et Cobourg.)
La victoire, Villars autrefois l’eut portée
Chez eux !