Page:Verlaine - Œuvres posthumes, Messein, II.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
souvenirs et promenades

mes deux mains accueillaient d’une étreinte longue, affectueuse et sincère au possible, les deux mains gantées de chevreau-puce du plus ineffable imbécile que je connaisse.

Cet excellent ami croit à l’infinitésimalité de la Science, est fort lancé dans les théâtres, professe pour tout ce qui n’est pas positif un mépris indicible, et, à ses moments perdus, s’occupe de la direction des aérostats. Par-dessus cela, bavard intarissable et confus. Vous ne devinerez jamais avec quelle joie je l’invitai à mon frugal déjeuner qu’il accepta, médis en sa compagnie de plusieurs personnages à qui nous devions, lui et moi, quelque reconnaissance, compliquée de quelque argent, et finalement l’accompagnai jusqu’à un rendez-vous très lointain qu’il avait. Non ! ma félicité ne fut égalée que par mon attention hilare à lire sur les tables d’un cabaret du boulevard, dans lequel j’entrai un peu plus tard, quelques revues littéraires, artistiques et bimensuelles, bimensuelles surtout ! Ce dont il y était question, je ne m’en souviens que très vaguement ; au surplus, vous n’avez qu’à parcourir les revues bimensuelles littéraires et artistiques de ces deux prochains mois, et nos arrière-petits-neveux qu’à parcourir les revues analogues du siècle prochain, et nos arrière-petits-neveux, et vous serez tout aussi bien que