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souvenirs et promenades

l’approuvai que d’une inclinaison, perlée mais mal sincère, de la tête, quand il me recommandait, en fait de bon et sérieux latin, les Commentaires de César, en place de Virgile. (Or, méchant gamin, je traduisais Catulle et Juvénal, voire Pétrone, en cachette, plus volontiers).

N’importe, ce Frère Supérieur m’a laissé un bon et sain souvenir, de sérénité, de ferme bienveillance, de merveilleuse activité toute au bien sinon toute au beau et sa haute taille, son port allègre, ses yeux de bonté et son franc sourire me restent, dans mes pensers fatigués et blasés de ce maussade et fade aujourd’hui, comme un rafraîchissant et encourageant exemple de vertu brave et simple et de cette foi pratique qui faisait sa force et son calme…

Il est bon, n’est-ce pas ? d’avoir de tels héros d’humanité, toute ronde et comme naïve, dans notre pauvre tête harassée de paradoxes, aux jours de providentielles réminiscences…

Bouillon est horriblement pavé dans ses endroits pavés. On dirait, ma parole, des galets, bien qu’on soit ici à je ne sais combien de lieues de la mer. Petites maisons en pierres d’ardoise inégales, couvertes d’ardoises aussi, rues où conduire une voiture, au plus, avec prudence, où une rencontre de voitures est tout de suite un encombrement, à moins, pour l’un des