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voyage en france par un français

de rire : grimace et dissonance altèrent trop souvent ces expansions d’ailleurs amères toujours, et parfois méchantes, pour dire le mot.

Et pour la grande masse de leur œuvre, à ces quatre ou cinq messieurs, les premiers talents en prose, — certes ! moins un — de leur pays contemporain, quelle densité d’horrible tristesse désabusée, mais impénitente et, pour préciser en concluant, quel manque de religion ! quelle « ignorance invincible » ! dès lors quel ennui pour eux (contagieux à la lecture !) que de vivre dans des personnages dont ils n’ont pas la clef, taureaux de Phalaris dévorateurs du talent, du génie, de la vie même (littéraire), à travers la cervelle affreusement mangée dans cette nuit athée !

Ignorance invincible, ai-je dit, mais non celle innocente des hérétiques ou schismatiques abandonnés, ou des sauvages sans missions ! Non, nés dans l’Église, élevés par elle, du moins jusqu’à un certain âge, dans la science de ses préceptes et de ses conseils, ayant de plus que leurs concitoyens (pour la plupart, eux aussi, des indifférents ou des hostiles par ignorance), l’intelligence en éveil et l’étude des lettres antiques et modernes pour les garantir de trop d’épaisseur dans cette ignorance déjà si crasse, ils sont coupables et prévariquent même, in-