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voyage en france par un français


MM. de Goncourt sont carrément lugubres, malgré tout l’envol de leur talent et l’exquis primesaut de leurs sensations exprimées.

Je ne parlerai pas de M. Daudet, ni de son Tartareigne de Tarascongne, encombrant conte à dormir debout sous prétexte de faire rire les seuls méridionaux de la latitude de M. Daudet, rien que de son midi à lui, ni de son « humour » pris à Dickens (et à quel point déshonoré !), ni de ses malices assez empoisonnées, il est vrai, pour constrister le faible et le vaincu, mais non assez définitives pour rester littéraires.

M. Valès, lui, a la note gaie, férocement gaie, la note « mauvais garçon », non comme Villon-le-Grand, mais comme Hégésippe Moreau, avec la haine (rédemptrice !) de Béranger et l’âpreté sincère en plus. Son comique qui va jusqu’au Cocasse, jusqu’à cet absolu dans le comique, le Cocasse, monte du pince-sans-rire et de Sterne, non imité, mais bel et bien congénère, jusqu’à l’esclaffement rabelaisien, jusqu’à l’insistance et la redondance comiques qui font Molière si grand de simplicité lourde et comme primitive. Mais encore ici c’est le cas de dire que la gaîté est triste ; elle raille et ne rit pas pour rire seulement, c’est des autres et de lui-même et non de leurs vices et des siens, que l’auteur fait ces belles gorges-chaudes et sonne ces francs éclats