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les hommes d’aujourd'hui

oui cette gloire ! pour le cher ami qui va nous occuper, sans ajouter, vu le cruel manque d’espace, bien grand détail à ce que j’écrivais alors ; j’insisterai aujourd’hui plus particulièrement, comme c’est d’ailleurs mon devoir de biographe, sur la part prise par Ricard au très important mouvement poétique d’il y a vingt-quatre ans. Il sied que les jeunes gens d’à présent sachent bien ce qu’ont fait leurs devanciers pas énormément plus vieux qu’eux, pour en parler raisonnablement, enfin ! Car il y a eu des injustices et même une ou deux bêtises dites dernièrement par des moutards trop pressés d’avoir le mot « ganaches » à la bouche.

Donc en 1866 je connus Ricard, comme on l’appelle familièrement ; il avait déjà fait de la prison politique, publié un gros volume de vers, et dirigeait une compacte publication très avancée, la Revue du Progrès, où collaboraient nombre de débutants, aujourd’hui parvenus dans différentes carrières. Peu après, Ricard fondait l’Art, où écrivirent Charles Joliet, Edmond Lepelletier, Victor Poupin, le regretté Adolphe Racot, moi, d’autres encore. Catulle Mendès y envoya des vers de sa seconde et de sa troisième manière l’indoue et l’élégiaque, et y porta plus tard des lettres chinoises aussi jolies que bien tendres. Il s’était lié avec Ricard — voisins de palier qu’ils étaient, — et de ces relations littéraires sortit l’idée du Parnasse, dont