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confessions

pas, bien qu’on ne puisse répondre de rien, encore qu’il me semblerait fou que je dusse mourir, après, c’est vrai, y avoir vécu, peu, mais vécu, dans la maison no 2 de cette rue Haute-Pierre, probablement Hoch Stein Strasse aujourd’hui, qui fut témoin de mon entrée en ce monde. Qu’elle assistât à mon premier pas dans l’autre, voilà, je le répète, qui m’étonnerait en dépit de toute proverbiale possibilité.

J’ai dit que mon instruction en province n’avait pas été des plus rapides. Il n’est que ce Paris pour les progrès sérieux, mossieu ! Et je fus mis, comme externe à l’institution W… dans la rue Hélène, une toute petite voie qui conduit de la rue Lemercier à l’avenue de Clichy, olim, ce qui veut dire, hélas ! « de mon temps, » Grande-Rue des Batignolles. Le modeste pensionnat existe toujours, et dernièrement, en allant visiter le maître Eugène Carrière dans son atelier de la rue — pas dommage ! — Hégésippe Moreau, j’ai revu, à travers les barreaux verts de la porte à claires voies, la cour aux quelques rangées d’arbres espacés suffisamment pour qu’on y pût jouer de-ci de-là aux quatre coins et au fond le perron aux deux rampes de fer d’où, à une distribution des prix, je récitai la fable du Chêne et du Roseau, dont je me tirai avec une aisance relative, grâce à une rapidité peut-être un peu bredouillante d’élocution qui ne me trahit qu’aux tous derniers