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les hommes d’aujourd'hui

n’existent pas, ce sont travaux d’art fabuleux et chimériques, même les ingénieurs du stupéfiant Ohnet n’en édifient que pour leur « créateur » et sont des spécialistes des plus exclusifs, — mais des conditions sortables, honorables, et l’affabilité des manières, les procédés parfaits, achevèrent l’œuvre de la franche probité. Dès lors la copie afflua au no 19 du docte quai Saint-Michel. De charmantes éditions se succédèrent. Les aînés, comme il sied, ouvrirent la marche, Huysmans et ses étonnantes Esquisses parisiennes, Verlaine et ses Poètes maudits qui mirent le feu à pas mal de poudres en train d’être trop mouillées. Adoré Floupette, loup dans la bergerie, néanmoins s’y conduisit en galant homme de loup, et ne dévora personne. Moréas (les Syrtes, les Cantilènes), Vignier (Centon), de Régnier (les Lendemains, Apaisement, les Sites), Viélé-Griffin (Cueille d’avril, les Cygnes), montrèrent la marche aux jeunes encore inédits et la cohorte sainte, le bataillon sacré grossit tous les jours, valeureux et digne de tels chefs de file.

On se souvient du tapage suscité autour de ces publications et d’autres encore dans la presse parisienne et départementale, voire jusqu’à l’étranger. Un journal, le Décadent, soutint furieusement le choc, rendit coup pour coup ; son rédacteur en chef, Anatole Baju, ne s’épargnait pas et n’épargnait personne. Tudieu ! l’acharné combat ! Jamais le