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les hommes d’aujourd'hui


Puis-je mieux terminer cette esquisse qu’il me serait si doux de faire tableau, qu’en vous donnant la primeur d’un sonnet tout récent, fleur et bijou, en attendant que le bon éditeur Vanier étale — ô bientôt n’est-ce pas ? à sa devanture, dès lors féerique, — écrin et bouquet !


SONNET


Toujours plus souriant au désastre plus beau.
Soupirs de sang, or meurtrier, pâmoison, fête !
Une millième lois avec ardeur s’apprête
Mon solitaire amour à vaincre le tombeau.

Quoi ! de tout ce coucher, pas même un cher lambeau
Ne reste, il est minuit, dans la main du poète
Excepté qu’un trésor trop folâtre de tête
Y verse sa lueur diffuse sans flambeau !

La tienne, si toujours frivole ! c’est la tienne.
Seul gage qui, des soirs évanouis retienne
Un peu de désolé combat en s’en coiffant

Avec grâce, quand sur des coussins tu la poses
Comme un casque guerrier d’impératrice enfant
Dont pour te figurer, il tomberait des roses.


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