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les hommes d’aujourd'hui

que le vers de notre poète est particulièrement fait et très précis, toute flottante que veuille être parfois sa pensée, mystique ou sensuelle.

Car — et c’est ce qui le différencie encore de Leconte de Lisle, chaste ou du moins discret quand il parle d’amour — Dierx est un voluptueux. J’en prends à témoin d’innombrables poèmes, les Yeux de Nyssia, par exemple, où défilent tous les regards féminins possibles et leur effet, — l’effet d’un bel œil, eût dit le vieux Corneille, un voluptueux aussi dans son genre, je m’en douterais presque.

Évidemment l’amour sensuel ne va pas chez Dierx sans une pointe de mysticisme qui le relève et le redresse en quelque sorte. Mais le fond y est bien. Le goût de la femme, son « odor », son bruissement et toutes les conséquences de l’adoration d’elle : querelles douces, parfois atroces quand l’orgueil s’en mêle, émois parfois amers, confiantes jalousies, faiblesses enfin si pardonnables ! Je vous dis que tout y est.

Une étrange « scène dramatique », la Rencontre, donne bien, dans sa note sombre et violente, la clef de cette disposition.

Deux amants brouillés se rencontrent par hasard dans une fête de nuit. Explication brûlante.