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quinze jours en hollande

Londres, qu’épars malignement à la parisienne qui est la meilleure façon, aux mille attraits urbains. Déjà je baguenaudais, je flânais le nez dans les glaces, quand Tak me dit : « Ce n’est pas tout ça. Nous avons un rendez-vous non loin. Encore un pas et nous y sommes. »

Et nous pénétrons dans un bodega très bien où l’on trouve deux journaux français, l’Amusant et le Journal pour rire ! Nous y trouvons Kloos et d’autres amis de la veille que nous quittons après un bout de conversation et une « goutte » de schiedam-bitter. Cette fois où allons-nous ?

Dans un établissement que notre langue moderne n’a qu’un terme, un peu argotique pour qualifier, épatant : le grand café-restaurant monstre fleuri jusqu’au comble de chrysanthèmes de toute beauté, aux murailles qui sont de gigantesques miroirs, aux garçons — habit noir, cravate blanche (juste la tenue que je n’ai pas, d’un conférencier sérieux) sans nombre. Nous trouvons enfin une salle à manger des plus gaies et des plus confortables où le déjeuner le plus « fin » nous est servi. Nous prenons le café dans un endroit où il est permis de fumer, et nous repartons pour nous acheminer, en fiacre, à travers le quartier des Juifs, très misérable et très somptueux, où l’on voit dans les rues latérales d’affreux visages et des faces merveilleuses. Une inscription sur une maison assez bien apprend au