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confessions

saufs, moyennant toutefois une petite aventure arrivée à Lepelletier qui, s’étant engagé pour la durée de la guerre, avait vaillamment fait toute la campagne de Paris depuis la retraite de Mézières, et qui, à ma porte, rencontra des soldats de son régiment conduits par un sergent qu’il connaissait pour avoir bu avec lui à la cantine, et avec qui il but, cette fois, à la cause de l’Ordre N. de D !

Eux partis, ma femme nous confia qu’elle était enceinte de deux mois passés : ce qui, pour quelque temps, me ramena vers elle, selon, d’ailleurs, les conseils de ma mère qui se doutait bien que tout n’allait pas pour le mieux dans mon ménage.

Et tout alla cahin-caha dans ce ménage… jusqu’à l’arrivée à Paris, vers octobre 1871, d’Arthur Rimbaud, pour qui ma femme conçut tout de suite une jalousie absolument injuste, alors ! dans le sens vilainement désobligeant qu’elle l’entendait… Il ne s’agissait en principe, non pas même d’une affection, d’une sympathie quelconque entre deux natures si différentes que celle du poète des Assis et la mienne, mais bien d’une admiration, d’un étonnement extrêmes en face de ce gamin de seize ans qui avait dès alors écrit des choses, a dit cet excellemment Fénéon, « peut-être au-dessus de la littérature »…

Ici finissent, pour un temps peut-être, mes « Confessions ». L’ensemble de mon œuvre en prose