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confessions

Seine s’empressaient de bénéficier des nombreuses exemptions accordées à tous les employés de l’État et de la Ville quant à ce qui concernait le recrutement de la Garde Nationale de marche, et même de l’autre (côté des pantouflards), je me fis inscrire dans le 160e bataillon — la Rapée-Bercy qui était de faction entre Issy, Vanves et Montrouge. Tous les deux jours, armé de mon fusil à piston qui devait bientôt se promouvoir en un fusil « à tabatière » je montai des gardes combien inutiles ! Dans les commencements, c’était véritablement charmant, véritablement, et je n’exagère en rien. D’abord, on était dans ce délicieux mois de septembre aux matinées aigrelettes et clairettes si préférées des gens matineux comme je l’ai toujours été : la marche au pas, l’exercice, gymnastiques astringentes et apéritives au possible, etc., etc., quelles piquantes nouveautés ! Il y avait bien à cette médaille… militaire, un revers, qui était, immédiatement parlant (mais ceci rentrant un peu, en quelque sorte, dans notre plan héroïque à mon héroïne de femme et à moi), qui était cette séparation d’un jour et d’une nuit, d’ailleurs vite et bien compensée par une mise s’ensuivant des « morceaux doubles », caresses et baisers, — et aussi, aussi, des habitudes de jeu de bouchon, de marchands de vin, de pipes, qu’on arrose et de propos… soldatesques qu’on échange puis qu’on retient, — si bien, si bien, que notre