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confessions

trop légitime inquiétude sur l’issue de la maladie et à la

Fade et amère


angoisse de l’absence à nouveau, et quelle, cette fois, peut-être un prélude à… quoi, grand Dieu ! Ah, si j’avais eu la foi, même la foi affaiblie que j’ai le bonheur médiocre, hélas, de posséder encore, comme j’eusse prié, comme j’eusse formulé des vœux auprès des chapelles spéciales, dans les sanctuaires parisiens recommandés !

Le miracle, pour n’avoir pas été demandé, eut lieu tout de même et vers le milieu du mois, la convalescence commença, si bien qu’après une dizaine de jours de plusieurs visites par jour (dès le petit matin, au retour du bureau chez moi en passant par le plus long chemin et enfin le soir pour des renseignements de meilleurs en meilleurs) je pus reprendre « ma cour » presque où j’en étais resté, en apparence, mais en réalité bien plus avant dans le cher cœur… et dans le mien. Comme elle me l’avait promis, elle avait été « sage », ne s’était pas grattée, admirablement soignée aussi bien par mes amis les docteurs Antoine Cros, le frère du poète et du statuaire, et Pauthier, jeune homme tout dévouement, tout science aussi, qui devait périr misérablement d’une fatale erreur, lors de la terrible répression de mai 1871. Et puis ses parents l’avaient veil-