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les poètes maudits

méchamment !) imprimée sur la fin du dernier règne par un journal hebdomadaire fort ennuyeux, le Courrier du Dimanche. Mais que pouvait signifier cette hargneuse contre-réclame, puisque pour tous bons esprits le Don des Poème, accusé d’excentricité alambiquée, se trouve être la sublime dédicace par un poète précellent à la moitié de son âme, de quelqu’un de ces horribles efforts qu’on aime pourtant tout en essayant de ne les pas aimer et pour qui l’on rêve toute protection, fût-ce contre soi-même !

Le Courrier du Dimanche était républicain libéral et protestant, mais républicain de tout bonnet ou monarchiste de tout écu, ou indifférent à n’importe quoi de la vie publique, n’est-il pas vrai qu’et nunc et semper et in secula le poète sincère se voit, se sent, se sait maudit par le régime de chaque intérêt, ô Stello ?

Le sourcil du poète se fronce sur le public, mais son œil se dilate et son cœur se raffermit sans se fermer, et c’est ainsi qu’il prélude à son définitif choix d’être ;


CETTE NUIT


Quand l’ombre menaça de la fatale loi
Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
Affligé de périr sous les plafonds funèbres
Il a ployé son aile indubitable en moi.