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mes prisons

plis de vêtement, les mains effilées montrant le cœur

Qui rayonne et qui saigne.


comme je devais l’écrire un peu plus tard dans le livre Sagesse.

Je ne sais quoi ou Qui me souleva soudain, me jeta hors de mon lit, sans que je pusse prendre le temps de m’habiller et me prosterna en larmes, en sanglots, aux pieds du Crucifix et de l’image surérogatoire, évocatrice de la plus étrange mais à mes yeux de la plus sublime dévotion des temps modernes de l’Église catholique.

L’heure seule du lever, deux heures au moins peut-être après ce véritable petit (ou grand ?) miracle moral, me fit me relever, et je vaguai, selon le règlement, aux soins de mon ménage (faire mon lit, balayer la chambre…) lorsque le gardien de jour entra qui m’adressa la phrase traditionnelle : « Tout va bien ? »

Je lui répondis aussitôt :

« Dites à monsieur l’Aumônier de venir. »

Celui-ci entrait dans ma cellule quelques minutes après. Je lui fis part de ma « conversion ».

C’en était une sérieusement. Je croyais, je voyais, il me semblait que je savais, j’étais illuminé. Je fusse allé au martyre pour de bon, — et j’avais d’immenses repentirs évidemment proportionnés à