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mes prisons

vertirent pas du tout, je l’avoue, en dépit des efforts de l’aumônier pour les corroborer de ses meilleurs et ses plus cordiaux commentaires.

C’est alors que ce dernier s’avisa d’une idée suprême et me dit : « Sautez les chapitres et passez tout de suite au sacrement de l’Eucharistie. »

Et je lus la centaine de pages consacrées par le bon prélat au sacrement de l’Eucharistie.

Je ne sais si ces pages constituent un chef-d’œuvre. J’en doute même. Mais, dans la situation d’esprit où je me trouvais, l’ennui profond où je plongeais en dépit de tous bons égards et de la vie relativement heureuse que ces bons égards me faisaient, et le désespoir de n’être pas libre et comme, aussi, de la honte de me trouver là, déterminèrent, un certain petit matin de juin, après quelle nuit douce-amère passée à méditer sur la Présence réelle et la multiplicité sans nombre des hosties figurée aux saints Évangiles par la multiplication des pains et des poissons — tout cela, dis-je, détermina en moi une extraordinaire révolution — vraiment !

Il y avait depuis quelques jours, pendu au mur de ma cellule, au-dessous du petit crucifix de cuivre semblable à celui dont il a été précédemment parlé, une image lithographique assez affreuse, aussi bien, du Sacré-Cœur : une longue tête chevaline de Christ, un grand buste émacié sous de larges