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mes prisons


On compléta mon costume par l’apport d’une cagoule en toile bleue destinée à cacher le visage des prisonniers dans leur passage par les corridors pour les promenades dans les préaux, — et d’une large plaque de cuivre verni en noir, en forme un peu de cœur, avec mon numéro en relief, étincelant comme de l’or plus beau. Je devais accrocher cette enseigne lors de chaque promenade, à un bouton de ma veste.

Puis le barbier de l’établissement me rasa conformément au règlement. J’étais élégant et joli, je vous assure.

Mais revenons à l’ameublement de la cellule.

Un lit-table qu’on ne devait déployer et faire que le soir un peu avant le coucher. Un escabeau attaché au mur, un lavabo et une sorte de tour dans le mur, pour les usages intimes. Un petit crucifix de cuivre, avec qui je devais plus tard faire connaissance, complétait ce luxe sommaire.

Ô ce crucifix !


XI


Ce ne devait pas être lui, précisément, ce crucifix de ma première cellule à Mons, à qui j’eus affaire, mais un similaire crucifix pareil d’ailleurs à tous ceux qui sanctifiaient tous les locaux du vaste pénitencier.