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mémoires d’un veuf

gauche, désordre et désastre partout. On s’assemble. On relève le gosse, de bonnes âmes l’épongent, le brossent, le recoiffent, lui tapent dans le dos, dans les mains, sur les fesses, on ramasse croûte et panier, serviettes et quenelles et crêtes, et tout, un poète décadent donne au mion dix sous sur trente qui lui restent, ayant trempé dans la sauce répandue un doigt en i sans point qu’il avait léché derrière une main en boule.

Lui Pierrot, l’auteur de l’avarie, y a trempé ses dix de doigts dans la dive sauce et court encore.


III


Dix minutes avant la grand’messe. Le cortège s’organise dans l’étroite sacristie. Pierrot qui est enfant de chœur guigne les burettes et met la main sur celle au vin blanc luisant jaune, dans l’ombre projetée par les chantres occupés à revêtir la soutane et le surplis. Le sacristain s’amène pour enlever le plateau où sont les burettes et perçoit le geste de Pierrot qu’il décourage d’une bonne claque. M. le curé survient au bruit et, mis au courant, frappe le malavisé d’une amende de dix sous sur son mois. Pierrot jure de se venger. La messe se passe. Pierrot a chanté sa partie comme un ange dans le Kyrie en faux bourdon, le Credo de Du-