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les poètes maudits

Je suis le fou de Pampelune,
J’ai peur du rire de la Lune,
Cafarde, avec son crêpe noir…
Horreur ! tout est donc sous un éteignoir.

J’entends comme un bruit de crécelle…
C’est la mâle heure qui m’appelle.
Dans le creux des nuits tombe un glas… deux glas.

J’ai compté plus de quatorze heures…
L’heure est une larme. — Tu pleures,
Mon cœur !… Chante encor, va ! — Ne compte pas.


Admirons bien humblement, — entre parenthèses, — cette langue forte, simple en sa brutalité, charmante, correcte étonnamment, cette science, au fond, du vers, cette rime rare sinon riche à l’excès.

Et parlons cette fois du Corbière plus superbe encore.

Quel Breton bretonnant de la bonne manière ! L’enfant des bruyères et des grands chênes et des rivages que c’était ! Et comme il avait, ce faux sceptique effrayant, le souvenir et l’amour des fortes croyances bien supertitieuses de ses rudes et tendres compatriotes de la côte !

Écoutez ou plutôt voyez, voyez ou plutôt écoutez (car comment exprimer ses sensations avec ce monstre-là ?) ces fragments, pris au hasard, de son Pardon de Sainte Anne.