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pierre duchatelet


Pas civil, peu civique, militaire beaucoup. Des ra, des fla très bien mais peu convaincus, eût-on dit.

Duchatelet comprenait cruellement ces nuances, bien que civil, civique, et pas militaire du tout. Néanmoins, sa promesse, son engagement, l’honneur quelconque, patriotique, ô patriotique ! l’empoignaient au son de cette caisse sombre, sonnant la mort, qui passait, guerrière découragée mais toujours brave, dans ses yeux pleins d’une vision chevaleresque à sa façon.

Le vieux tambour était accompagné d’un petit clairon, en vareuse aussi, képi sur l’oreille aussi, quatorze ans ou quinze, parisien en diable et le diable au corps évidemment, qui, le vieux cessant de battre sa caisse, souffla dans son instrument un rappel pas correct, aux notes fausses, mais en mesure, mais vibrant et empoignant aussi. L’air aigre, le voyou maigre au pas allègre alternaient presque joyeusement avec les coups sourds, avec la marche lourde du tambour, et les suppléaient gaminement, mais virilement encore.

Pour le coup, Duchatelet, parisien, se livra tout à fait : le patriotisme, complètement réveillé par cette note patrouillote, dressa en lui toutes ses énergies et dès lors sa résolution fut prise.

Un léger bruit se fit : sa femme entrait.

Il avait gardé le médaillon. Sa main héroïque ser-