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louise leclercq



D’autre part Doucet avait assuré ses derrières et sur l’avis de Louise, pour le cas où ils échoueraient à Bruxelles, s’était ménagé une rentrée aux Docks. Un ou deux confortables mensonges réglaient au mieux ses affaires partout jusque chez sa mère, infirme et gâteau qui même lui avait donné deux billets de 50 francs en lui recommandant l’économie. De la sorte ils se voyaient quelque pain sur la planche et un bon mois libre à partir de ce jour.

À Bruxelles tout leur réussit. Le cousin de Doucet fut charmant, comprit à demi-mot la situation des jeunes gens, apprécia tout ce qu’il y avait de sûr et de solide dans Louise, alla jusqu’à la trouver un trésor pour le « petit » comme il disait en parlant de Doucet qui au bout de deux jours fut placé aussi avantageusement qu’à Paris et avec plus de chances d’avenir. Louise trouva aussi quelque chose, mi-éducation, mi-tenue de livres, de très sortable.

Ils louèrent une belle chambre garnie où ils furent heureux sans nuage. Louise était d’une résolution mais d’une grâce parfaites ; attirante, séduisante, épouse et maîtresse au point que jamais la moindre idée d’une autre femme ne se dressa durant ce temps paradisiaque dans les sens ni même dans l’idée de son amant, que, jamais lui, habitué aux longues soirées de bals ou de cafés et aux « rentrages » tard, ne sortit qu’avec elle au bras, ne faisant pas de camarades tout en se maintenant cordial