Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— Soumettant chaque essai au joug des résultats —

À la défense ardente et âpre de ta ville.
Le préjugé sournois et la manie hostile
Furent comme des joncs, ployés entre tes mains ;
Hier se rajeunissait en songeant à demain ;
L’effort se redressait au choc de nouveaux ordres ;
La routine et ses dents ne savaient plus où mordre
Si bien que, raffermie à force de travaux,
Liège fit face aux bonds terribles de l’assaut

El fut pendant huit jours l’étonnement du monde.


Onde après onde,

Ainsi que d’une mer innombrable et profonde
Montaient vers elle et s’acharnaient les régiments
Au pas massif, au cri dément ;
C’était la nuit : l’attaque arrivait en bourrasque,
De fuyantes lueurs illuminaient les casques,
On entendait là-haut, vrombir les zeppelins,
La rage ardait partout ; les cœurs en étaient pleins.
Les Allemands ? Dieu seul savait leur nombre.
Mornes, compacts et sombres
Leurs bataillons montaient et puis toujours montaient

Et les balles les abattaient