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Des usines de fonte ouvrent, sous le ciel bleu,

Des cratères de flamme et des torrents de feu ;
De rapides vaisseaux, sans rameurs et sans voiles,
La nuit, sur les flots bleus, étonnent les étoiles ;
Ton peuple réveillé se forge une autre loi ;
Autre est le crime, autre est l’orgueil, autre est l’exploit
Et ce tumulte fou de lutte et de conquêtes

Bruit surtout au cœur des villes, dont vous êtes.


Gand formidable, avec ses bras, ses mains, ses doigts,

Avec son corps ployé sur les métiers logiques
Dresse, sous le ciel noir et roux, l’effort tragique
De son peuple fiévreux, redoutable et narquois.
Ses tissus clairs et fins partent vers des contrées
De feu, de flamme et de splendeur large, dorées :
Ses draps profonds et lourds luisent comme autrefois
Dans les fêtes, les triomphes et les arrois ;
Mais, mieux qu’aux anciens temps de rage et de colère
Sa force organisée et, chaque jour, debout,
Patiemment, mais fermement, impose à tous

Sa volonté rugueuse et ses vœux populaires.


Les bras des longs canaux que le couchant fait d’or