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De flots hurlant entre deux rives,

Dont trafiquaient, en leurs traités, les rois.
Qu’un d’eux luttât pour t’affranchir, sitôt, les haines
Se redressaient et aggravaient le poids des chaînes
Que tu traînais en gémissant.
Enfin, après des ans, et puis encor des ans,
L’homme d’ombre et de gloire,
Bonaparte, mêla ta vie à sa victoire
Et assouplit ton cours hautain

Superbement, aux méandres de son destin.


Alors, tu fus géant comme naguère,

Tes solides bassins de pierre
Serrèrent,
Entre leurs bords.
Tous les butins de fièvre et d’or
Qui s’en venaient du bout des mers et de la terre ;
Et sur la robe de tes eaux
Scintillèrent tous les anciens joyaux ;
Et sur l’avant de tes coques bien arrimées,
Les déesses aux seins squameux
Projetèrent, comme autrefois, ton nom fameux,

Dans le buccin des renommées.