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LE TÉMÉRAIRE


I

L’âme du Téméraire était une forêt

Pleine d’arbres géants et de fourrés secrets
Où se croisaient de grands chemins tracés sans règles ;

Mais par dessus volaient, jusqu’au soleil, les aigles.

 

L’impatience éperonnait sa volonté ;

Il fermentait d’orgueil et d’intrépidité.
Le monde, il l’eût voulu tailler, à coups de glaive,

D’après l’image en or que lui sculptait son rêve.